GAGNER DE L'ARGENT, PAS SEULEMENT !

 Même si aujourd'hui, cette figure avant-gardiste de l'architecture moderne est étudiée dans toutes les Ecoles d'architecture du monde, et que le site accueille des milliers de visiteurs chaque année, les premiers témoins se sont moqués de ce "hangar d'avion" et n'ont pas du tout apprécié la surprise faite à l'Eglise et au monde ! La petite histoire de la genèse de la chapelle de Ronchamp est très intéressante, pleine d'anecdotes savoureuses et d'échos du temps lointain -1955 - : rappelons qu'à cette époque, une église était une bâtisse plus ou moins romane ou gothique et hors de ce champ, point de salut ! 
Comme beaucoup d'édifices architecturaux, il faut s'en approcher à pas doux et lents, ne pas se laisser distraire par la foule, circuler de tout son corps, pour se glisser dans les boyaux de l'espace libéré par une lumière soigneusement filtrée. L'édifice a beau s'appeler " chapelle", c'est avant tout une navette spatiale destinée à des voyages dans l'espace de la terre. Une étrange machine à habiter un lieu qui tout en étant configuré par l'horizon des Vosges et du Jura Suisse, s'éprouve davantage comme un site d'atterrissage ou de décollage... . 
C'est peut-être là l'origine de l'enchantement de lieu : on s'y trouve libéré de la pesanteur la plus désagréable à notre peau, qui n'est pas la sensation du poids, mais celle de l'immobilité et de la condamnation à faire du sur-place dans un lieu, corps monolocalisé, corps prisonnier dans la fermeture du lieu. 
Cette expérience doit précéder une seconde: quitter son lieu, c'est ouvrir un autre espace à sa vie, donc être disponible pour la rêverie, la pensée, la méditation, la réflexion, le recueillement et la grâce. 
Au fond, ce lieu est très convenable pour les spationautes que nous sommes devenus.



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