Jui. 12
09
OSCAR VLADIMIR DE L. MILOSZ : le poète oublié
LE VENT
Mots-clés : extrait
LE VENT
Je suis le vent joyeux, le rapide fantôme
Au visage de sable, au manteau de soleil,
Quelquefois je m'ennuie en mon lointain royaume;
Alors je vais frôler du bout de mon orteil
Le maussade océan plongé dans le sommeil.
Le vieillard aussitôt se réveille et s'étire
Et maudit sourdement le moqueur éternel
L'insoucieux passant qui lui souffle son rire
Dans ses yeux obscurcis par les larmes de sel.
À me voir si pressé, l'on me croirait mortel :
Je déchaîne les flots et je plonge ma tête
Chaude encore de soleil dans le sombre élément
Et j'enlace en riant ma fille la tempête;
Pui je fuis. L'eau soupire avec étonnement :
-C'était un rêve, hélas ! - Non, c'était moi, le
Vent !
Ici le golfe invite et cependant je passe ;
Là-bas la grotte implore et je fuis son repos ;
Mais, poète ! comment ne pas aimer l'espace,
L'inlassabe fuyard qu'on ne voit que de dos
Et qui fait écumer nos sauvages chevaux !
Il n'est rien ici-bas qui vaille qu'on s'arrête
Et c'est pourquoi je suis le vent dans les déserts
Et le vent dans ton coeur et le vent dans ta tête;
Sens-tu comme je cours dans le bruit de tes vers
Emportant tes désirs et tes regrets amers ?
... /...
La Berline arrêtée dans la nuit
Anthlogie poétique
( nrf, poésie/ Gallimard , p 98/99 )
Wow. J'adore ce poème. Je vais surtout l'accrocher à mon bureau à Inspecteur Maison Beloeil. Merci pour la bonne lecture.
Nicole | Le Dimanche 15/11/2020 à 02:08 | | Répondre