Non, rien de rien, non, je ne regrette rien...
un demi-siècle sans Edith Piaf...
Dans mon cerveau d'enfant, Edith Piaf, et particulièrement cette chanson est assocée
à un malheur absolu : je reviens de l'école primaire du village, je dois avoir 8 ou 10 ans,
et je viens d'obtenir un Zéro à la dictée ! ( 5 fautes = 0 )
J'étais très épris de ma Maîtresse d'école et déjà amoureux de sa fille, Régine qui était
une Princesse. Je n'ai jamais compris pourquoi tant d'ardeur pouvait aboutir à tant de disgrâce !
D'autant plus qu'il m'arrivait fréquemment d'offrir des cadeaux à ma Maîtresse : une livre de beurre,
( fait maison ) , un poulet ( élevé maison ), un lapin de ferme, des confitures, du pain de campagne
sorti du four, du pâté de porc, des oeufs, du pain-gâteau, des gaufres, des " strins", et toutes sortes de produits
qui me permettaient de recevoir une bise de la Maîtresse en guise de remerciement et dans
ses moments d'exceptionnelle bonté, de jeter un coup d'oeil sur la bibliothèque impressionnante
du salon où gisaient une quantité impressionnante de Prix Nobel de Littérature ....
Je voulais devenir astronaute ou cosmonaute; je suis devenu professeur de Lettres.
Et il m'arrive parfois - quand même - de faire des dictées...
A raison d'un seul point par faute de grammaire ou d'orthographe, il m'arrive très souvent
de devoir mettre des zéros, qui correspondent à des notes négatives qui peuvent aller jusqu'à
moins cinquante ou moins soixante ....
Ainsi va le monde....
Non, je ne regette rien...
NB: lors d'une soirée télévisée pour la célébration du cinquantenaire de la mort de la célèbre chanteuse française, un prêtre a développé longuement une analogie de destin entre Edith Piaf et la petite
Thérèse de Lisieux, devenue Docteur de l'Eglise. Etonnant ! et intéressant ...
Liberté retrouvée
passage à l'acte
Mots-clés : une ivresse belle engage ...
Le projet d'écrire un roman est un acte fabuleux !
Mais avant de commettre cet acte, il convient de surmonter une douzaine de défis :
1) ne pas être impressionné par ceux qui publient depuis longtemps au moins un roman ou plus dans l'année;
2) ne pas se sentir gêné par les primo-arrivants du Goncourt ou d'ailleurs
3) être indifférent au succès de Jean d'Ormesson
4) ignorer les écrivains castrateurs, les modèles immenses, les concurrents sans merci : dans mon cas, ce sont Ippolito NIEVO et Joyce Carol OATES ;
5) être physiquement bien entouré ; dans mon cas : CERVANTES, BOULGAKOV, RACINE
6) avoir peu de livres à lire;
7) penser pour plusieurs personnes très différentes ;
8) ne pas avoir de complexe devant une page blanche, jaune ou verte ;
9) ne pas avoir peur de l'alcool;
10) ne pas croire au miracle;
11) entendre la voix de Dieu en soi;
12) ne pas attendre d'être amoureux pour aimer ...
And so on ....
CASTLE ou RIZZOLI and ISLES ?
L'amour des séries policières
C'est avec grande culpabilité que j'avoue mon amour - et mon addiction - des séries policières,
Castle, FBI portés disparus, and so on ...
Je crois fermement que notre époque offre des vies substitutives, des vies par procuration
dont nous avons tellement besoin !
Ce que j'adore et que j'aime se résument à des choses très simples dont je suis constamment
privé ou presque : le sentiment d'appartenance à l'humanité, une humanité belle, raisonnable,
chaleureuse et guidée par de nobles sentiments; une humanité toute simple qui se trouve désertée
par les pratiques et les moeurs.
Le premier mérite des séries policières est de nous plonger dans l"élémentaire, le primordial,
le non-bête dont nous avons besoin. Amitié, fantaisie, complicité, intelligence, solidarité, amour
sous toute déclinaison, folie douce et cruelle, rivalité positive, masque, jeux de rôle,
supplique, poésie, élégance, foutaise et beauté .
Nous nous détestons et nous n'avons aucun moyen de nous aimer.
Souvent, il m'arrive de souhaiter la guerre, une bonne guerre civile, une triomphale
Saint-Barthélémy qui viendrait nous saigner de tant de haine contenue, tant d'impuissance
politique, tant d'absurdité héritée...
Alors je soulage cette pression interne par un narcotique : une bonne soirée
avec Castle, le Lieutenant Beckett, Jack Malone, Samantha Spade , et sans
doute le nouveau duo de charme : Rizzoli and Isles....
Comme tant de téléspectateurs qui attendent l'heure propice du départ définitif
de Silvio Berlusconi, de Bachar El - Assad , et de la liste innombrable
de ceux qu'on voudrait déjà avoir oubliés ...
L'oubli est la plus belle promesse du monde et c'est une promesse
que l'Histoire ne manque jamais !
La merveilleuse continuité de l'être
Comment pourrais-je un jour me serrer la main ?
J'ai souvent divorcé avec moi-même; j'ai mille fois changé de route et de voie;,
je suis même sorti de route plusieurs fois!
Je suis doué pour les revirements, je suis doué pour les adieux et les ruptures :
je n'ai fait que ça !
Très tôt, je me suis posé cette question : qu'est-ce-qui assure la continuité
de mon "moi" à travers la multitude
de l'expérience vécue ? Pourrais-je un jour
me reconnaître, pourrais-je un jour me serrer la main ?
Ne suis-je pas l'Etranger, celui qui ne cesse de tourner le dos à lui-même ?
A 20 ans, un médecin-colonel me diagnostique une maladie d'Addison; on
me trouve un traitement hormonal de substitution : du jour au lendemain, me voici
un autre homme, méconnaissable ! Qui suis-je ? Quelle relation entre ce
cet Addisonien non traité, bronzé toujours, et l'autre, celui qui fut gardé en vie,
par la seule grâce d'une hormone substitutive et d'un traitement à vie ?
Comme JFK, Addisonien : mourrais-je assassiné ?
Je ne sais .
Mais, plus de trente années ont passé . Aujourd'hui, je me regarde dans
mes variations intempestives et suis heureux de reconnaître la même mélodie
qui unifie cette vie a priori déshéritée, a priori condamnéee, a priori si mal débutée !
There is a sound, a genuine soud, the sound of my secret life.
Nous sommes tous au-delà du Temps : il y autre chose que le seul vécu, le hasard,
la gravité des circonstances, les rebonds de la crise et le bavardage
des ignorants : il y a Quelque chose qui fait que je suis " moi " au-delà
des fantaisies et des improvisations du Temps !
bonheur et solitude
paradoxe du désert
Plus il y a de solitude, plus grande est notre aptitude au bonheur;
Plus il y a de bonheur, plus notre solitude augmente.
Aucune solitude ne peut se prévaloir d'être seule, car la condition
de solitaire, n'est pas de souffrir ni de s'enorgueillir,
mais celle de se rendre disponible à un monde plus riche
de présences...
La Chartreuse de Parme
petite méditation sur une déconvenue
J'adore Stendhal et particulièrement ce singulier roman que le génial
auteur dit avoir écrit en quelques semaines. Je l'avais découvert dans un moment
particulier, une convalescence faisant suite à une hospitalisation sans gravité; le genre
de cadeau que la vie vous octroie parfois, s'absenter, se mettre en retrait pour un motif
reconnu et incontestable, une façon que la généreuse société française a de vous
offrir une retraite qui ne soit motivée par une inspiration religieuse ou philosophique.
Bref, le droit de n'avoir rien à faire tout en assurant le service minimum à l'égard
de ceux qui s'occupent de vous de la pesée du matin en passant par les examens médicaux
sur ordonnance et la loi des repas imposés aux heures de l'hôpital.
J'ai lu La Chartreuse de Parme d'une traite et je dois à ce roman mes plus belles heures
d'hôpital, mais aussi le sentiment d'avoir vécu quelque chose de singulier, de vraiment
inouï et privilégié. J'étais complètement subjugué par la poétique de Stendhal et comme
dirait mon grand Maître, Jean Sarocchi, dans une publication précieuse, savante et
franchement géniale par l' " Illyrique chartreuse " ...
Il y a peu, je découvre la version cinématographique de cette même Chartreuse,
projetée en deux soirées, à la télévision; les 29 et 30 décembre 2012 sur France 3:
un film de Cinzia Th Torrini, avec Marie-José Croze, Hippolyte Girardot, François Berléand, Rodrigo
Guirao Diaz, Stefano Abbati.
Stupeur ! J'ai eu le sentiment de voir une histoire très étrange, presque méconnaissable
et de toute façon très éloignée de l'idée que j'avais gardée dans ma mémoire .
Il m'a semblé que le film n'avait retenu qu'une fable passionnelle assez médiocre,
un peu comme si on vous présentait Napoléon à partir de Waterloo ou Le Caravage
à partir de ses soirées alcooliques dans un bar hideux de Rome rempli de " luciole ",
ces femmes ainsi nommées car , pareilles aux lucioles, elles ne s'éclairent vraiment
que la nuit .
Etrange destinée de la mémoire qui d'un texte peut ne retenir que sa musique
aérienne en s'attachant si peu à la compréhension rationnelle des faits.
Point de vérité à déclarer sinon que il n'ya rien de plus nôtre que notre lecture....
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