Avr. 12
14
Le monde de la Résurrection des corps
petit essai d'exploration métaphysique
Les chrétiens font de la résurrection un article fondamental, primitif, intrinsèque
de leur foi.
Si je suis chrétien, je dois croire en la Résurrection, pas seulement celle du Christ,
mais celle des hommes qui croient en lui. " Si le Christ n'est pas ressuscité, vaine est notre foi "
nous dit Saint Paul.
Je pense que la résurrection des corps est assez facile à imaginer. Un corps qui est un corps,
mais non soumis à la loi vulgaire des corps, une sorte de double silencieux de nos corps lourds,
un corps essentiellement mobile, un corps énergétique, astral, remplie d'âme, un corps ému
par l'esprit qui le porte et le chavire en tous sens....
Mais là où je me perds: en quoi ce corps est-il " moi "?
Quel rapport entre cette navette spatiale de nouvelle catégorie et la somme ou le tracé
de ma vie terrestre qui fut stupide, embarrassée, remplie de frivolités, de nécessités,
de misères en tous genres ? ponctuée certes de courts moments de grâce et de beauté,
d'intelligence et de hardiesse, d'efforts et de largesses !
La résurrection des corps est proprement inimaginable, pour cette raison,
et donc, presque incroyable, donc farfelue, un programme pour ceux qui
sont déjà accros aux narcotiques à la mode, en ce moment, c'est la cocaïne .
Si donc les chrétiens ne sont pas des enfumés, il faut imaginer autre chose ,
l'idée serait celle-ci: il est possible que nous puissions avoir un autre passé que
celui auquel nous croyons parce que notre mémoire l'a construit,
un passé différent que ce qui nous colle à la peau,
un passé imprévisible qui serait plus nôtre que
le passé tartiné de nos mémoires labiles, obtuses et surtout
meurtries de nos accusations et de nos culpabilités....
La résurrection est donc une contestation militante du vécu
comme valeur fondatrice de la vie .
Le monde de la Résurrection des corps
Une fois de plus, LA SAPIENZA, par la voix de Pierre Van der Weyden, interpelle, questionne et répond à la fois à l'une des interrogations majeures de l'être humain, surtout chrétien. Quel sens, quelle explication donner à ce concept de la résurrection?
Ce qui frappe dans ce texte profondément original et non-conformiste, c'est le fait d'envisager un "autre" passé que celui que nous croyons être nôtre à jamais, et collé à nous comme une sangsue.
Mais oui, pourquoi pas? Pourquoi n'y aurait-il pas un passé différent de celui construit par notre mémoire souvent insuffisante, infidèle, complice ou au contraire accusatrice et source de culpabilité?
Si cette hypothèse pouvait être simplement considérée comme telle, quel poids en moins dans une vie toujours consciente du bien et du mal, et portant en effet son passé comme un fardeau écrasant!
Cette explication vaut largement à mon avis les données théologiques conventionnelles, qui restent peu explicites, voire mystérieuses à souhait. Les chrétiens n'y trouvent finalement que peu d'aliments pour croire et espérer en l'inimaginable!
Emma D'Hautbois, poétesse
Emma D'Hautbois | Le Mercredi 09/05/2012 à 16:20 | | Répondre