Version imprimable RICHESSE ET PAUVRETE : LE GRAND MENSONGE

qui traverse siècles et continents

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 " Quand quelqu'un hérite aujourd'hui, on ne demande plus de quoi mais de combien. Cela aussi, c'est un symptôme du processus de déshéritage . Recevoir des millions en héritage, c'est quelque chose qui n'arrive qu'à des gens très pauvres- je veux dire: des déshérités spirituels, des déshérités de la forme de vie, des gens auxquels, en même temps que leurs millions, on transmet la question énigmatique de la manière dont ils doivent vivre, une question à laquelle l'héritier n'a le plus souvent aucune réponse. .../... Sa vie sera une expérience consistant à chercher une existence qui aurait pu être bonne si l'on avait reçu la forme de vie en même temps que les moyens de vivre." ( Derniers hommes et anges vides, Essai d'intoxication volontaire de Peter Sloterdijk - Hachette Littérature, 2001, p 38 et 39 )
Par delà les considérations du philosophe qui se penche sur la postmodernité, il y a quelque chose qui s'est répandu chez nous , en Occident, et qui rend la vie insupportable : l'usage des biens, de l'argent et leur circulation; nous avons augmenté biens et richesse pour presque tous, mais en même temps, nous avons perdu le substrat qui permet de savoir ce qu'est la valeur et ce qu'est la richesse. Nous avons perdu la richesse de la richesse. Le quelque chose qui contient la richesse, qui est son container a disparu. Imaginez deux extra terrestres découvrant la partition de Roméo et Juliette mais ne pouvant que reproduire les sons sans savoir ce que signifie le lien amoureux inventé par Shakespeare. Ce qui fonde la possibilité d'une richesse n'est pas la richesse, c'est un climat moral, une manière de considérer la vie. François d'Assise avait compris que l'équation de la richesse reposait sur une valeur supérieure à elle, et il l'avait nommée " Dame Pauvreté ". Contrairement à ce que l'on croit ou imagine, François n'est pas un Illuminé mais un réaliste, un réaliste radical pour ce qui le concerne, lui et son mouvement. 
Tous ceux qui ont voyagé ont effleuré ce secret perdu, car les pays qui nous attirent vraiment, ne sont pas des pays "riches", mais souvent des pays où l'on peut vivre encore et ressentir ce je-ne-sais-quoi et ce presque-rien qui convertit notre coeur en le ramenant à son besoin primitif d'extase. 
Lorsque vous vous promenez, en Birmanie par exemple, dans le site de Pagan ou partout ailleurs ( où c'est permis ), vous ressentez cette évidence : la vie est imprégnée par cette tradition bouddhique du Théravada et de nombreuses croyances adjointes, le résultat, c'est que le peuple le plus pauvre du monde est un "peuple d'aristocrates en exil ", et que jamais personne dans ce merveilleux pays n'ira placer le premier nouveau riche sortant sa rutilante machine automobile au-dessus du simple moine que vous rencontrez le matin pour sa quête de nourriture. 
Tous ceux qui ont fait cette expérience ( quel que soit le lieu ) savent de quoi nous parlons et sont des candidats au départ, car nous avons besoin de vivre et vivre, c'est autre chose que d'exister; C'est pourquoi, nous ne pouvons plus parler de citoyens d'un pays, ici, en Europe, mais seulement de demandeurs d'asile: c'est ce que nous sommes devenus ! 


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