Déc. 11
21
SALUTATION DE L'ANGE et SALUTATION DE L'HOMME
Ce qu'il y a dans notre : Salut !
Nous connaissons la belle salutation de l'Ange à Marie : " Je te salue, Comblée-de-grâce,
le Seigneur est avec toi ! "
Lorsque les hommes se saluent, c'est rapide, vaguement craintif, ( pourvu qu'il ne t'arrive pas malheur !),
plus ou moins franc et embarrassé. Il nous reste quelque nostalgie de salutations italiennes,
longues, débordantes, chaleureuses, mais à part quelques circonstances rares, nous sentons bien
que le terrain est pauvre en salutations de toutes sortes. Bien sûr, il y a les grandes circonstances, -
( nous sommes heureux de saluer parmi nous la présence de *** )-, mais, grosso modo, nous
vivons de petites beaucoup, et de moyennes souvent.
" Prière, invocation, adresse, appel, adjuration, imploration, célébration, dédicace, salutation.
Et plus exacteent, non pas l'un ou l'autre de ces registres, mais une composition de tous
ensemble. Et d'abord, ou pour finir, un salut. Oui, le simple "salut" ! participe de l'adoration.
Lorsque Derrida écrit ou plutôt qu'il lance, et de toute sa force: " salut ! "- un salut sans salvation,
il indique ceci : la parole adressée, l'adresse qui ne contient rien de plus quelle-même, porte
reconnaissance, affirmation de l'existence de l'autre. Cela seul, sans relève ni sublimation
dans un ordre supérieur de sens ou de dignité: car cette existence se suffit, elle est " sauve " par elle-même, sans avoir à sortir du monde.
Elle fait sens ou elle EST sens, cette existence, et avec elle, de proche en proche,, de "salut !" en " salut !",
le monde entier peut faire sens. N'est-ce pas un " SALUT !" que nous apporte le soleil au matin, ou la plante qui sort de terre ? ou le regard d'un animal ?
Mais nous, comment nous saluons-nous ? "
Jean-Luc Nancy, L'Adoration
( Déconstruction du christianisme, 2 )
Edition Galilée, p 29.
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