Jui. 12
24
un rêve d'or
extrait de l'opuscule de Pierre Loti: les pagodes d'or
Mots-clés : suite article du 19 juillet
CHAPITRE I
En mer, l'extrême matin, dans les brumes de l'Irrawady, devant les bouches
du grand fleuve, au milieu du tourbillon des goélands et des mouettes.
Partis depuis trois jours de Calcutta, nous devons être à toucher la terre de Birmanie,
dont rien pourtant ne se devine encore.
... / ...
Midi. Comme au théâtre un rideau se lève, la brume en une minute se détache
des choses terrestres; elle monte et se dissout dans le ciel, c'est fini. Un soleil
torride, soudainement dévoilé, fait luire autour de nous des eaux jaunâtres. De
tous côtés apparaissent des côtes basses, à demi noyées, dirait-on et que
recouvre un tapis d'humides verdures. Et, dans le lointain de ce pays plat,
au fond de ces plaines trop vertes où rien d'humain ne se dessine, quelque chose
d'unique arrête, déroute les yeux; on croirait une grande cloche d'or...
C'est bien de l'or, à n'en point douter: cela brille d'un éclat si fin ! Mais c'est
tellement loin qu'il faut que ce soit gigantesque; cela excède toutes les
proportions connues; avec cette forme étrange, qu'est-ce-que cela peut être ?
C'est la pagode pour laquelle j'ai entrepris ce long pélerinage, la plus sainte
des pagodes de Birmanie, qui contient les reliques des cinq Bouddhas,
et trois cheveux de Gautama, le dernier venu des cinq.
Elle est millénaire; depuis les vieux temps, les fidèles y accourent de tous
les points de l'Asie, apportant des richesses et de l'or, pour épaissir cette couche
magnifique dont sa grande tour est revêtue et qui miroite là-bas sous ce soleil.
... / ...
NB : trois articles sont prévus sur ce thème:
celui-ci est le second;
NB: premier, paru le 19 juillet sous le titre :
" les pagodes d'or : éloge de la sensation primitive "
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