GAGNER DE L'ARGENT, PAS SEULEMENT !

 


Je n'ai qu'une très vague idée d'un auteur que je connais très peu, un écrivain
fantasque, qui connut un indéniable succès à la chevauchée des siècles, officier
de Marine et grand voyageur, un être assez fou et audacieux pour faire bâtir
dans sa maison de Rochefort - qui se visite aujourd'hui - une mosquée !... 

Mais je lui sais infiniment gré et reconnaissant d'avoir écrit ce petit opuscule
d'une vingtaine de pages : " les pagodes d'or ", que l'on trouve encore dans une
édition particulière et disons chaleureuse, les Editions Kailash de Pondichérrry en Inde.
( biblioteca asiatica)

Il nous y raconte une aventure personnelle, une expérience hors du commun,
une de celles qu'on ne peut programmer et qui est très probablement irréalisable
aujourd'hui: savait-il qu'il eut peut-être ce jour-là la chance de sa vie ?
Il est fort à parier qu'il en savait quelque chose, vu le retentissement qu'il en donne
dans ce récit à part, comme une météorite décrochée de son oeuvre... . 

Le 12 février 1900, le vaisseau, probablement un cargo-, sur lequel Loti voyage,
fait une escale de vingt-quatre heures à Rangoun, l'ancienne capitale de Birmanie,
appelée aujourd'hui Myanmar. Il a peu de temps et fait la découverte hallucinante
et hallucinée de la grande pagode de Schwedagon, dont il avait aperçu le stupa d'or
scintiller si loin de la mer... . 

Le récit témoigne de cette stupeur des yeux et de l'esprit: quelle merveille et
quelle chance de n'avoir que vingt-quatre heures pour tapisser la mémoire de son esprit
et de sa vie par une telle rencontre! c'est le génie de l'impression primitive,
celle qui demeure à jamais et que nous transporterons toujours !

La chance de Loti, c'est d'avoir senti et d'avoir vu, vu ce qu'aucun 
être ne pourra comme lui voir, voir comme seul un amant peut voir,
seul, sur la lune .