Version imprimable KAROMAMA

La Reine des choses oubliées...

 


" Mes pensées sont à toi, reine Karommama du très vieux temps.
Enfant dolente aux jambes trop longues, aux mains 
si faibles
Karomama, fille de Thèbes,
Qui buvait du blé rouge et mangeais du blé
blanc
Comme les justes, dans le soir des tamaris.
Petite reine Karomama du temps jadis.

                                                             .../...

Tu sais sans doute, Ô légendaire Karomama !
Que mon âme est vieille comme le chant de la mer
Et solitaire comme un sphinx dans le désert,
Mon âme malade de jamais et d'autrefois.
Et tu sais mieux encor, princesse initiée,
Que la destinée a gravé un signe étrange dans mon 
coeur,
Symbole de joie idéale et de réel malheur.


Oui, tu sais tout cela, lointaine Karomama,
Malgré tes airs d'enfant que sut éterniser
L'auteur de ta statue polie par les baisers
Des siècles étrangers qui languirent loin de toi.
Je te sens près de moi, j'entends ton long sourire
Chuchoter dans la nuit : " Frère, il ne faut pas rire."
- Mes pensées sont à toi, reine Karomama.

                                            ( extrait de KAROMAMA,
                    de Oscar Vladimir de L. Milosz, dans La Berline arrêtée
dans la nuit, Anthologie poétique, nrf, Poésie / Gallimard, p 62 et 64 )


NB: possiblement, c'est Elle qui  enfante la mémoire des choses 
que nous n'avons pas apprises, puisqu'elles descendent tout droit
des siècles, comme un filon oublié d'une très ancienne mine d'argent,
c'est Elle aussi que l'on voulut identifier, mettre en savonnettes scolaires
pour lui donner tort d'exister, pour la rendre mutique, exsangue,
que l'on transforma en livre ou en statue et lui faire expier
sa féminine essence. Peut-être le poète est-il là pour confier
sa lourde existence et lui redonner sa maternité d'origine... . 






 

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