Version imprimable le grand retour du latin d'église dans les écoles publiques françaises

Sur l'enseignement des Lettres au Collège et au Lycée

 



Soit l'expérience suivante : Dans une classe de Quartrième de niveau assez bon , le professeur
introduit pour la nécessité de son cours ayant cette fois pour objet la mémorisation
d'un texte poétique, - la classique récitation - deux textes de Victor Hugo extraits des
"Contemplations" : QUIA PULVIS ES et LA SOURCE. Chacun des textes comporte
respectivement 18 vers et 23 vers .

Le professeur introduit l'étude par une présentation brève de l'auteur et une présentation
un peu plus appuyée des Contemplations : composition, genèse, en insistant sur la coupure
entre les deux parties " Autrefois" et "Aujourd'hui" qui se rapportent explicitement à la rupture
surgie dans la vie de Victor Hugo par la perte de sa fille Léopoldine, à l'âge de 17 ans dans un 
stupide accident de noyade dans la Seine.

Le professeur entreprend de façon succincte une lecture analytique des deux poèmes:
composition, thèmes, progresion, versification, en passant par l'exposé de ce qu'est une allégorie
puisque les deux poèmes utilisent cette forme d'exposition narrative: ce sont deux allégories
qui expriment le caractère dramatiquement éphémère de la vie et induisent une réflexion
sur la vanité humaine et l'obstination à l'aveuglement.

Les questions lexicales sont traitées au passage et le professeur laisse aux élèves
10 jours pleins pour apprendre le texte choisi : l'un ou l'autre.

Vient le moment de la Récitation : à quelques exceptions près, le texte est su parfaitement,
mais la récitation étant très mécanique et sans égard pour le sens ou l'émotion,
 le professeur entreprend d'interroger les élèves , non plus sur la mémoire
du texte, mais sur sa compréhension littérale et symbolique .

Alors nous sommes obligés d'admettre l'évidence : les élèves ont appris un texte
sans du tout comprendre ni ressentir la langue du texte . Ils étaient incapables de 
répondre à des questions toutes simples de compréhension. 

Conclusion : le cours de Lettres devient un cours de " latin d'église" où le peuple
apprend, souvent sans déplaisir, et récite pour que la " messe globale " puisse
continuer. Ce dont il est question n'est pas perçu et demeure dans les brumes
d'un lointain mystère. Et les professeurs continuent comme les esclaves rameurs
 des vaisseaux de l'Antiquité grecque ou romaine, mais cette fois, il n'y a plus

                                                                 d'eau.




NB : le professeur, par acquis de conscience, ne voulant sombrer dans
l'alcool du désespoir, a repris l'étude comparée des deux textes, en insistant
sur l'analogie des thèmes, la forme allégorique et le cractère didactique des 
textes.

NB : le même professeur a conduit une expérience analogue en Seconde
et en Première à partir de l'étude d'un recueil de poésie ( La fable du monde
de Jules Supervielle ) et d'une pièce de théâtre, ( Le marchand de Venise
de W. Shakespeare et Phèdre de Jean Racine ).



 

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