Version imprimable Dotation imprévisible et inouïe

ou la symphonie du nouveau monde

 


Imaginez,

Vous avez fait l'effort de vous lever tôt, vous avez fortement visualisé votre journée,
elle comporte encore de nombreuses incertitudes, puis vous vous rendez compte
que les choses s'enchaînent avec une ordonnance souveraine et impeccable, cela vous
plonge dans une lumière intérieure aussi délicieuse que les premières lueurs du jour,
vous faites une pause en vous et dans cette journée, vous reprenez le fil de la grande séquence
intérieure que vous êtes entrain de vivre,

c'est-à-dire, la rivière profonde qui coule en vous, inappréciable du dehors,
rigoureusement invisible et sans témoin,

puis, vous tombez sur le regard aimant et souriant d'une jeune femme
qui vous sert un café avec un empressement inhabituel,

puis vous goûtez ce moment de votre vie, accoudé à l'instant,

puis vous recevez intensément la lumière diffractée par les orgues
de l'automne qui pulsent de couleurs vivides,

et si ce spectacle vous enchante, vous n'en saurez dire le pourquoi
tellement ça déborde de partout,

puis, dans ce même temps, vous tombez sur ces lignes inimaginables,
cette lecture laborieuse que vous avez entrepris comme un pari fou,
cette lecture qui s'immisce dans votre vie comme un ciment de joie
au milieu des pierres, cette lecture qui ne cesse d'augmenter comme
un fleuve en liesse, cette lecture qui vous monte jusqu'aux larmes de l'esprit,

elle arrive là, maintenant, du fond de la galaxie, condensé rare d'intelligence
et de lumière préadamique, elle s'épand comme le parfum sur les pieds du messie,

Je veux parler du livre de Jean-Luc Nancy : L'Adoration 
( Déconstruction du christianisme, 2) aux éditions Galilée paru en 2010.


" L'esprit qui s'éveille, sans doute, n'est que celui qui s'éveille: à peine sorti du sommeil
ou à peine surgi d'une inexistence. Esprit encore offusqué, peut-être,
par des épaisseaurs, des ombres, par tout ce que l'esprit doit écarter et 
repousser pour devenir ce qu'il est : moins le souffle que la pénétratiion, la pénétration d'une très
fine pointe, d'une acuité qui sans distendre ni défaire l'impénétrable matière-le monde, les corps, notre commune présence- lui donne pourtant son jeu, sa lumière, au sens non de ce qui éclaire mais de ce qui écarte, au sens d'un orifice ouvert au sein de l'épaisseur compacte et commune."

                                                                                          extrait du Prologue






  NB; la lecture prise en exemple peut s'appliquer à tout autre texte, il s'agit ici
de faire valoir l'idée et l'expérience d'une convergence entre différents faisceaux
qui précipitent - au sens chimique - une expérience de vie intérieure.





 

Plateforme ViaBloga Modèle Glossy par N.Design Studio Adapté pour ViaBloga par Mitra avec l'aide d'Olivier
RSS - Articles RSS - Commentaires