GAGNER DE L'ARGENT, PAS SEULEMENT !

 



C'est un trou de verdure où serpente l'Ognon, quelque part dans le Jura, éloigné de tout,
un val qu'on croirait puni par la Nature, boudé par le climat et marginalisé par une économie
dépendante de "grandes villes lointaines": Besançon à 25km, Dijon à 40 km, Vesoul à 60 km... 

Tout semble décourager les yeux et il faut avoir le coeur bien renseigné pour passer outre
cette nature raide, froide, tout juste agrémentée l'hiver de quelques rapaces qui viennent en vol d'essai
le long de l'Ognon, repérer quelques proies ou étonner le passant égaré ou le marcheur de Compostelle
en quête du gîte. L'été, quelques chevaux montrent l'attachement des paysans pour ces bêtes
qui servaient autrefois aux travaux de la ferme.

C'est de loin pourtant qu'on aperçoit le fier clocher de l'Abbaye d'Acey qui surmonte une grande
et longue suite de pierres légèrement crémeuses qui constituent les diverses parties
d'un édifice que l'on devine immense et complexe, avec sa ferme, son hôtellerie, son église
et son cloître, la partie monastique, et un peu à l'écart son usine d'électrolyse.

                                         Ici, tout est dur.

Rien au dehors ne laisse imaginer l'élégante splendeur romane et gothique qui ne se
donne au regard que lorsque le visiteur ou le retraitant traverse l'immense narthex
pour découvrir sous la cloche froide et sommaire des heures la haute nef accueillante,
flanquée de ses jumelles latérales, peuplées de répliques vides et de curieux vitraux coupés
de blanches stries opaques qui régalent le choeur d'une lumière sidérale.

                                        Ici, le silence se fait orant.


Et l'homme accueille en son coeur tout ce qu'il peut de ce ruissellement

                                                   
                                                   gracieux.