Version imprimable ANGKOR VAT ( seconde partie )

le motif de la danse dans les segments 38 et 39 de " Un gentleman en Asie " de Somerset Maugham

Mots-clés :

Le voyageur occidental pressé et avide de souvenirs, tout come le lecteur pressé, ne pourra que glisser du regard sur un passage aussi complexe dans sa construction. En suivant le motif de la danse, nous tenterons de montrer que ce motif est non seulement lié à la pensée mais c'est aussi un élément du mystère qui déborde la présence de l'auteur.
Dans la cérémonie de la danse, le narrateur souligne le paradoxe du mouvement, de la mobilité souple  et élégante des corps avec ce que ce mouvement imprime dans l'espace: une immobilité, celle qui appartient aux statues et aux idoles. C'est à ce moment que le narrateur compare ces figures aves celles des bayadères " que les sclupteurs d'autrefoius avaient gravé sur les murs des temples." Nous sommes en Inde; " vous noterez la même élégance dans la torsion des doigts menus, la même cambrure d'un corps qui vous ravit en face de vous. " De nouveau le narrateur souligne cette tendace à exprimer LA MOBILITE par L'IMMUABLE de la statuaire ou par l'immuable des corps en mouvement.  
Un long passage du fragment 38 est consacré à la prolifération des figures sur les bas-reliefs des temples d'Angkor. Une fois de plus, c'est la statuaire qui exprime ce mouvement merveilleux: immobilité qui inverse son signe, signifiant qui devient signifié.
Un peu plus tard, Somerset Maugham revient sur les bas-reliefs qui bordent l'une des galeries: elles représentent des scènes de vie quotidienne: la préparation culinaire, la cuisson des aliments, les façons de pêcher et de prendre des oiseaux au piège, les modalités d'achat et de vente dans une boutique de village, la visite chez le médecin... et ce faisant, il évoque l'immuabilité des modes de vie. De nouveau, l'immuable est exprimé par le mouvement .
Devant ce vertige de contemplation, le narrateur n'hésite pas à conclure sur un nouveau paradoxe:

" ce qui commémore le passé  de la façon la plus frapante, la plus impressionnante, ce ne sont ni les temples, ni les hauts murs, mais les hommes. Les paysans, avec leurs coutumes immémoriales, appartiennent à un âge plus ancien qu'Angkor Vat, la Grande Muraille de Chine ou les pyramides d'Egypte. "

Ainsi le motif de la danse achève son cours dans la contemplation des formes d'art qui déroutent la pensée des hommes. 
Et il n'est pas de lecteur qui soit insensible à cette fresque scripturale : façon de dire que l'auteur fait surgir le vivant de sa plume magique qui suscite l'imaginaire à partir de l'immobilité pesante des caractères et des mots ... .

Plateforme ViaBloga Modèle Glossy par N.Design Studio Adapté pour ViaBloga par Mitra avec l'aide d'Olivier
RSS - Articles RSS - Commentaires