Fév. 13
07
Rêverie autour d'un cyprès au Musée des Offices à Florence
Uffizi - Firenze
Il y a des lieux qui font exister la vie, qui lui offrent un écrin de Mémoire, qui vous plongent dans
l'extase des siècles et des oeuvres : c'est le cas pour ce lieu sans pareille au monde, le
Musée des Offices à Florence...
Le visiteur apprendra d'abord l'Attente, la file longue, avec les petits écoliers accompagnés
de leurs Maîtres et de leurs Maîtresses, les touristes japonais, les européens, et ceux,
immédiatement reconnaissables à leur bermuda, les américains. Quelle que soit l'heure,
quel que soit le jour, il y a l'Attente : pour moi, ce fut deux bonnes heures pour chacune de mes visites.
L'Attente est comme un portique, une station obligatoire; comme dans un cabinet médical,
l'attente participe du soin, c'est le début de la guérison, la phase initiale de l'auscultation.
On souffre, et on espère.
Puis, on entre, à moitié ivre de cette longue station verticale et déboussolé de se retrouver
nez à nez avec Botticelli, Leonardo Da Vinci, et de ces Immensités qui s'offrent à la vue,
salle après salle, couloir après couloir, folle déambulation où le regard vagabonde avant de
s'attarder, oubliant les autres, absorbés dans quelque contemplation.
Me voici devant une Annonciation de Léonard de Vinci; c'est un tableau assez petit, tout en
longueur; la maison, la Vierge, l'Ange, le Cyprès ou un groupe de cyprès dans les lointains.
Il y a quelque chose qui m'attire profondément; je ne sais pas ce que c'est; peut-être un angle
du regard qui anime la scène; puis je m'éloigne doucement, à regret, sans doute perplexe;
nous continuons la visite par un passage à ciel ouvert de plusieurs mètres : on y a vue sur
les environs de la campagne florentine. Cette disposition est très agréable au visiteur. De quoi
se rincer l'oeil tout en offrant une détente naturelle au cerveau. Un seul paysage repose
beaucoup de cette concentration un peu forcée du visiteur qui a toujours un peu de l'écolier
cherchant la bonne occasion de sécher les cours.
Et puis voici l'instant où le regard se prend d'une aventure qui frise le vertige : il a vu,
là-bas, au loin, il a reconnu, le cyprès tantôt aperçu dans le tableau du Maître : c'est à
quinze kilomètres, le village de Vinci, de Léonardo da Vinci !
Cette toute petite découverte suffit au bonheur du visiteur. Il peut maintenant s'en aller:
jamais il n'oubliera les cyprès de l'Annonciation.
Il lui semble parfois que la jeune fille y est encore plus belle et que l'Ange est bien
à son aise dans une jolie maison florentine ...
Derniers commentaires
→ plus de commentaires