Déc. 12
08
le pouvoir sans pouvoir de la lecture matinale
les sous ontologiques de l'extase
Vous allez commencer une longue journée de travail et vous avez mille choses à faire :
pas une qui ne se désiste, trois qui vont s'y rajouter, et l'on fait souvent miraculeusement
ce qu'on a à faire ...
Imaginez la même journée, mais à ceci près, vous allez accorder cinq à dix minutes à
une lecture, pas n'importe quelle lecture, de la poèsie, qui ressemble tant à notre prose,
mais qui est tout autre chose...
Pas n'importe quelle poésie, une poésie choisi avec soin, comme on prépare un cadeau
en secret pour une amie chère ou un cher ami...
Pour moi ce sera sans conteste, Jean Grosjean, le prince des poètes, celui qui n'enlève
la beauté de personne mais en flanque une, inimaginable à tout le monde, les poètes,
les femmes, les savants, les simples, les prêtres, les curieux, les passants distraits,
les filles en jupes longues et celles habillées court, les jeunes gens violents harnachés de cuir,
les fabriquants de chocolats et les trafiquants d'héroïne, les médecins et les rebouteuix,
les industriels et les marchands de soie, les mariniers et les aviateurs, les banquiers
et les rêveurs, les coiffeuses et les magiciens, les pasteurs et les jongleurs, les amateurs
de vin et les fans de Rolando Villazòn :
" Le soleil des beaux jours que le ciel lève
lentement sur les près comme une lampe
a fait palir aux fenêtres les lampes
dont nos veilleurs avaient bordé nos rêves.
Si lentement que mon amour pour toi
monte éclairer les plaines de mon âme
il rend déjà dérisoires les flammes
dont s'est orné longtemps l'amour de moi.
Toi qui as pu me tirer du silence
et qui savait illuminer ma nuit
quand tu te tais je t'entends. Et tu luis
d'autant plus dans mon coeur que ton absence
me déracine à jamais où je suis
si je me tiens ailleurs qu'en ta préence. "
La reine de Saba, p 68, Jean Grosjean
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