Jan. 11
15
Le forçat innocent
Jules Supervielle
Mots-clés : Le forçat ( extrait )
" Vous dont les yeux sont restés libres,
Vous que le jour délivre de la nuit,
Vous qui n'avez qu'à m'écouter pour me répondre,
Donnez-moi des nouvelles du monde.
Et les arbres ont-ils toujours
Ce grand besoin de feuilles, de ramilles,
Et tant de silence aux racines?
Donnez-moi des nouvelles des rivières,
J'en ai connu de bien jolies,
Ont-elles encor cette façon si personnelle
De descendre dans la vallée,
De retenir l'image de leur voyage,
Sans consentir à s'arrêter.
Donnez-moi des nouvelles des mouettes
De celle-là surtout que je pensai tuer un jour.
Comme elle eut une étrange façon
Le coup tiré, une bien étrange façon
De repartir !
Donnez-moi des nouvelles des lampes
Et des tables qui les soutiennent
Et de vous tout autour,
Porte-mains et porte-visages.
Les hommes ont-ils encore
Ces yeux brillants qui vous ignorent,
La colère dans leurs sourcils,
Le coeur au milieu des périls ?
Mais vous êtes là sans mot dire.
Me croyez-vous aveugle et sourd ? "
Jules Supervielle, Le forçat innocent, nrf Gallimard
NB: Singulier destin de celui qui naquit à Montevideo, en Uruguay , qui perdit ses parents à huit mois, (Oloron-Sainte-Marie, en Béarn, suite à un empoisonnement , lesquels s'étaient expatriés pour fonder une banque .)
et qui, de santé délicate , épousa une Uruguayenne, vécut entre France et Uruguay où il se rendit fréquemment.
Vous que le jour délivre de la nuit,
Vous qui n'avez qu'à m'écouter pour me répondre,
Donnez-moi des nouvelles du monde.
Et les arbres ont-ils toujours
Ce grand besoin de feuilles, de ramilles,
Et tant de silence aux racines?
Donnez-moi des nouvelles des rivières,
J'en ai connu de bien jolies,
Ont-elles encor cette façon si personnelle
De descendre dans la vallée,
De retenir l'image de leur voyage,
Sans consentir à s'arrêter.
Donnez-moi des nouvelles des mouettes
De celle-là surtout que je pensai tuer un jour.
Comme elle eut une étrange façon
Le coup tiré, une bien étrange façon
De repartir !
Donnez-moi des nouvelles des lampes
Et des tables qui les soutiennent
Et de vous tout autour,
Porte-mains et porte-visages.
Les hommes ont-ils encore
Ces yeux brillants qui vous ignorent,
La colère dans leurs sourcils,
Le coeur au milieu des périls ?
Mais vous êtes là sans mot dire.
Me croyez-vous aveugle et sourd ? "
Jules Supervielle, Le forçat innocent, nrf Gallimard
NB: Singulier destin de celui qui naquit à Montevideo, en Uruguay , qui perdit ses parents à huit mois, (Oloron-Sainte-Marie, en Béarn, suite à un empoisonnement , lesquels s'étaient expatriés pour fonder une banque .)
et qui, de santé délicate , épousa une Uruguayenne, vécut entre France et Uruguay où il se rendit fréquemment.
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