Version imprimable La solitude lumineuse

la scène primitive de Pablo Neruda

 


Le poète chilien ( prix Nobel de Littérature en 1971 ), n'est pas seulement l'auteur
du " Canto general " , oeuvre immense qui embrasse le continent sud-américain
dans son histoire, ( 517 pages dans l'édition de la nrf chez Gallimard ) , soit
l'équivalent poétique de La légende des siècles de Victor Hugo, par son ampleur,
son inspiration et sa hauteur dans un contexte politique difficile où l'auteur est
obligé de composer dans la clandestinité pendant plus d'un an, l'oeuvre qui allait
faire connaître son nom et son génie au monde .

Pablo Neruda a laissé un livre de ses Mémoires, inachevé, d'une grande richesse :
" J'avoue que j'ai vécu ". On y trouve de nombreux récits et des contes autobiographiques
qui relatent notamment ses premiers séjours en Asie : Birmanie, Ceylan, Cambodge,
Singapour... où il exerce ses fonctions de consul dans des conditions difficiles et
rocambolesques.

La solitude lumineuse est un des récits qui composent ces Mémoires et il bénéficie
d'un tirage éditorial à part dans la petite collection folio. Ce petit livre renferme plusieurs
petites merveilles, dont une où l'auteur raconte une fort méchante aventure qui lui échoit au Cambodge.

Il voyage dans un bus avec des habitants taciturnes dont il ne comprend pas la langue.
Le bus traverse d'immenses forêts et s'arrête dans des endroits sans nom et sans raison.
Pablo a peur. Ils ne sont plus que trois ou quatre; il fait nuit ; le poète se sent perdu et
panique, croyant être la cible d'une mafia de bandits. Les regards qu'il aperçoit
semblent confirmer cette hypothèse terrifiante. Pablo se prépare à mourir sur le siège
déglingué d'un bus qui traverse le Laos et le Cambodge en direction de Saïgon.
Subitement, ses agresseurs ont disparu !

Pablo fait ses adieux au monde et à la vie : il mourra seul, loin de son pays, de 
ses amours et de ses livres !

Puis, des lumières apparaissent partout, avec des tambours et des notes stridentes
d'instruments cambodgiens : un homme lui annonce que le bus étant en panne et que
l'attente sera longue, les passagers sont allés chercher une troupe de musiciens et de
danseurs pour divertir notre poète !

La stupeur est grande et le spectacle est somptueux :

" Durant des heures, sous ces arbres qui ne me menaçaient plus, j'assistai aux 
meveilleuses danses rituelles d'une noble et antique culture et j'écoutai jusqu'au lever du soleil
la délicieuse musique qui envahissait le chemin. "

Et le poète de conclure son récit :

" Le poète n'a rien à craindre du peuple. La vie me sembla-t-il, me faisait
une remarque et me donnait à jamais une leçon : la leçon de l'honneur caché,
de la fraternité que nous ne connaissons pas, de la beauté qui fleurit
dans l'obscurité. "

La chance d'avoir vécu cela, de le savoir, de s'en souvenir et de s'en nourrir
pour une éternité féconde ... 





 

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