GAGNER DE L'ARGENT, PAS SEULEMENT !

 J'ai vu...

J'ai vu le "monde" s'éloigner de moi - corps physique étranger -, comme un vieux tas
de croyances qui s'échappent par les trous multiples de la vision plate.
J'ai vu passer devant moi, comme des automobiles d'un autre âge, des machines
qui fabriquaient des idées, des climats, des ambiances philosophiques ou religieuses... 

J'ai vu se réduire puis s'anéantir tous les frères et les cousins de la familiarité
et des habitudes qui me tenaient prisonniers d'une caverne laide et pseudo-maternelle.

J'ai vu le sort glorieux et terrifiant d'être enfin abandonné, déligoté de tout ce fatras
de grandeurs apprises, de mesures immenses imposées au cerveau.

J'ai vu l'homme délivré de ses sbires, de ses vigiles, de ses mauvaises sages-femmes d'un bonheur fréfabriqué.

J'ai vu le malheur s'abattre sur moi
comme un bonheur d'hirondelles et de huppes
pour me déclouer de la grande croix 
qui achevait ma vie sur un poteau de plaisirs,
d'instructions médiocres, d'éclairages sinistres, de lois grotesques
et de paroles douces à vomir... 

J'ai vu,
au fond de l'ombre,
la forme méconnaissable de celui que je n'étais plus,
de celui que je n'étais pas encore,
ce monstre accouché d'une Mère putride ...