Version imprimable Brèves leçons de l'Espace et du voyage spatial -2 -

Arrachement et solitude

Mots-clés :

 

Dans ce beau et grand livre, " le rêve et l'espace " , pas moins de 10 pages sont consacrées 
à évoquer les expériences de solitude humaine que l'astronaute a connues avant son départ pour l'espace;
à travers elles, on peut deviner quel genre d'homme il faut fabriquer au-dedans de soi pour
devenir l'homme de l'espace. En relisant ces lignes, on se rend compte que l'auteur n'est pas
de ceux qui parlent facilement, aiment à s'exposer, et profitent des circonstances pour 
écrire le grand et glorieux roman de leur vie. Non; la nécessité à retracer les étapes d'un parcours
n'obéit pas seulement à un désir de partage ou de confidence. L'auteur n'est pas de ceux
qui vendent un secret d'existence pour attirer le chaland, un plouc, un terrien, un terreux.
Non; quand l'auteur écrit sur la solitude, il la peint, il la nomme, il la domestique, il la désire, il la 
produit comme on fait silence pour entrer au Temple.

Et cette solitude n'est pas vide; elle est parfois lancinante comme une longue attente déçue;
elle est parfois pur exercice disciplinaire, obéissance, rythme, travail, apprentissage; elle est inouïe et
abyssale lorsqu'elle se mue en responsabilité devant le silence des machines, la panne technique,
la décision solitaire de faire ou ne pas faire une maneuvre sans référence au sol; elle est aussi
riche de rencontres exceptionnelles, de solidarités muettes, transmission et délicatesse; elle a aussi le goût amer
du ratage, du temps perdu, de la trahison et de la soumission aux aléas de la " grande histoire",
celle qui se joue au sol, avec les changements politiques.

" Cosmonautes et astronautes m'ont confié le trésor caché de leur mémoire, qui s'appelle
expérience,don de soi, humilité, professionnalisme, passion, attente. Ces caractères bien trempés, 
ces personnalités attachantes et rigoureuses m'ont véritablement sorti de ma coquille terrestre,
dans tous les sens du terme. " ( p 62 )

Cette longue évocation des couches de solitude traversée, habitée, ne tient pas du décor 
dramatique d'un écrivain prétentieux. Non; on sent bien que l'auteur fait sa mue, que ce que
nous, nous appelons du nom de pesanteur, de force gravitationnelle, de tendance à peser lourd,
lui le rebaptise du nom de solitude; ce qui nous retient au sol, c'est elle; et c'est elle aussi
par qui arrive la puissance de franchissement qui devient peu à peu affranchissement.

" Tous ces hommes de l'espace m'ont permis d'atteindre ce nirvana qu'est le vol spatial. "

La première leçon de l'espace est une leçon de gravité.





 

Plateforme ViaBloga Modèle Glossy par N.Design Studio Adapté pour ViaBloga par Mitra avec l'aide d'Olivier
RSS - Articles RSS - Commentaires