GAGNER DE L'ARGENT, PAS SEULEMENT !

 


Le célèbrissime journaliste français, Bernard Pivot, créateur des émissions qui firent
long feu, une fois n'est pas coutume," Apostrophes ", "Bouillon de Culture ", Double Je ",
écrit dans son livre LES MOTS DE MA VIE , écrit sous forme d'articles d'un dictionnaire,
un article fort intéressant sur le sujet de l'admiration, dont je reproduis ici un extrait :

" Je suis devenu un homme quand j'ai commencé d'admirer.
Aucun professeur n'avait suscité chez moi de l'admiration. Et moins encore de la passion,
comme certains en font la confidence quand ils écrivent leurs Mémoires. Le prof dont
on suit les cours avec enthousiasme et pour lequel on efforce d'accéder à l'excellence, puis d'y demeurer,
je n'ai pasconnu. Peut-être par un manque de générosité. Ou bien parce que je ne savais pas
encore distinguer une parole qui aide à vivre des mots qui aident à passer dans la classe supérieure.
Je n'étais pas mûr ou sensible pour me laisser envahir parune vibration, un
appel d'air ou une lumière un peu fantasque. 
                                                                    .../...
Je me rasais depuis longtemps le menton quand j'eus mes premières admirations
pour des professeurs. Ils enseingaient au Centre de formation des journalistes.
L'un d'eux, Michel Chrestien, traducteur de profession, écrivain d'occasion, érudit de nature,
de son vrai nm Silberfeld, avait choisi de s'appeler Chrestien parce que dans le roman 
de Balzac, Les Secrets de la princesse de Cadignan, un républicain, qui se nommait
ainsi, mourait sur une barricade. Peu probable, pensait-il, que deux Michel Chrestien
finissent tragiquement. Lecteur impitoyable, il vous fchait 2 sur 20 pou une 
*redondance ou un cliché, et 18 pour une seule phrase qu'il lisait plusieurs fois
à haute voix en en savourant la trouvaille de style. Il aimait déconcerter, surprendre, amuser,
provoquer, stimuler. La plupart demes camardes s'agaçaient de ses humeurs,
alors que son esprit caustique et paradoxal me ravissait.

                                                ( LES MOTS DE MA VIE, p 15, Albin Michel/Plon )